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Les amateurs de photo de Suisse romande sont gâtés en ce mois de septembre puisque deux importantes manifestations leur sont ouvertes : le festival Images de Vevey et les Journées photographiques de Bienne.

Le festival Images propose de nombreux accrochages en plein air dans divers endroits de la ville, parcs publics, le long des quais, avec en particulier des photographies monumentales sur des façades de bâtiments. JR, qui s’est rendu célèbre par ses interventions urbaines, a plaqué des collages géants à partir de recadrages de photos célèbres tirées des archives du Musée de l’Élysée. Au chapitre des réalisations monumentales, signalons aussi une oeuvre de Renate Buser, désormais coutumière du festival.

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© Renate Buser

On nous propose aussi de nombreuses expositions en intérieur, grâce notamment aux grands locaux provisoires de l’ex-centre commercial EPA. Le programme manque peut-être d’un peu d’unité autour d’un thème, mais il est alléchant (je n’y suis pas encore allé), même s’il y a quelques séries déjà vues ailleurs. (Mais cela n’est pas un mal, car tout le monde ne va pas chaque année à Arles et ce n’est pas parce qu’on a vu des photos une fois qu’il faut ensuite les jeter ;-) Le programme complet ici. C’est (déjà) ouvert du 4 au 26 septembre 2010. Lire aussi cet article du Courrier.

À Bienne, aux Journées photographiques, si l’accrochage y est plus sage et plus classique, je ne m’attends pourtant pas à des expositions empreintes de sérénité. Les journées photographiques sont plutôt orientées vers la jeune photographie.

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© Corinne Vionnet

Le thème de cette année est « Collatéral ». Il renvoie à des images « à l’envers » des habitudes, comme les célèbres photos d’Olivier Culmann qui, tournant le dos aux ruines, a photographié les gens venus voir Ground Zero après le 11 septembre. Les expositions se tiennent dans différents lieux culturels de la ville. Le programme complet ici. C’est (déjà) ouvert du 4 au 26 septembre 2010.

Signalons que l’exposition ReGeneration2, au musée de l’Élysée ferme aussi le 26 septembre. (Celle-là je l’ai vue, ouf :-)

Béat Brüsch, le 10 septembre 2010 à 12.42 h
Rubrique: Voir de ses yeux
Mots-clés: exposition , voir
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Le photographe Andreas Seibert a entrepris depuis 2002 un travail documentaire sur les conditions de vie des travailleurs migrants en Chine (les mingongs). Son site présente 4 magnifiques portfolios qu’on peut consulter sur cette page. (N’oubliez pas de lire les textes et légendes ;-) Ses photos sont empreintes d’une esthétique simple, directe et font preuve d’une maitrise technique époustouflante. Admirez sa virtuosité dans l’utilisation de la profondeur de champ. A la vue de cet univers de migrants intérieurs, je ne peux m’empêcher de faire un parallèle avec le travail de Samuel Bollendorff que j’évoquais ici, il y presque une année. Les approches respectives des 2 photographes ne me semblent pas foncièrement différentes. Mais on ne peut en dire autant des résultats visuels ! Si sur certains points on peut trouver quelques analogies (les mises en page centrales des personnages, par exemple), force est de constater que le rendu de leurs photos est très différent. Chez l’un, les photos ont un aspect « brut de décoffrage », alors que chez l’autre on peut, en exagérant à peine, parler d’une qualité « studio ». Que faut-il en déduire ? Le rendu de ces images est-il déterminant pour leur force ?
Les images de Bollendorff montrent bien qu’elles ont été faites à la sauvette, en cachette, dans des conditions d’éclairage non contrôlées. Mais elles laissent voir aussi que la postproduction a été succincte, voire inexistante. Il n’y a, semble-t-il, pas eu de tentatives de rattraper une lumière défaillante ou une couleur qui aurait « dérapé ». (Que le photographe me pardonne, mais on a un peu l’impression que les photos on été réalisées avec un appareil de poche argentique et tirées au supermarché du coin ;-) Cela est-il le résultat d’un choix esthétique délibéré de la part du photographe ? Cet effet est-il cultivé, appuyé, voire exagéré ? Et dans quels buts ?
Avec les images de Seibert, on ne ressent pas du tout cette impression de photos arrachées en vitesse avant qu’un agent de surveillance ne vienne mettre fin à la séance. Pourtant, les acteurs sont presque les mêmes et se prêtent au jeu avec simplicité. Certaines photos sont visiblement un peu plus posées et toutes sont soigneusement (et respectueusement) postproduites. Cela les rend-il moins convaincantes ?
En ce qui me concerne, j’adhère sans peine aux deux types de photos, à leur profonde humanité et je respecte les démarches qui y conduisent, mais je voudrais connaitre ce qui motive les unes et les autres. Les photos approximatives à gros pixels apparents dont on a cru un moment qu’elles envahiraient une presse en mal de crédibilité sont elles toujours « tendance » ? Ou faut-il prendre ces photos peu travaillées pour une résurgence de l’Arte Povera ? Mais aussi, peut-on demander à un photographe professionnel, maitrisant parfaitement les aspects techniques de son métier, de tout oublier pour ne pas être accusé de « faire de l’esthétique sur le dos de la misère »...? (C’est ainsi que c’est parfois formulé !) Ce débat est ouvert depuis longtemps, on le voit par exemple ressurgir chaque année au moment des prix du World Press Photo. Je n’y apporte pas de solution, je propose juste quelques questions de plus... et une comparaison.
Andreas Seibert est né en Suisse en 1970 et a étudié à Zürich. Depuis 1993 il vit et travaille à Tokyo. On peut voir un accrochage de la série From Somewhere to Nowhere jusqu’au 26 septembre à la galerie Coalmine à Winterthur (Suisse). Les 4 portfolios sont visibles sur son site où vous trouverez également une biographie.
Le travail de Samuel Bollendorff À marche forcée, dont on peutvoir le diaporama ici, a été remarqué l’année passée à Visa pour l’image. Dans une courte interview, il raconte l’adversité à laquelle se heurte un photographe en Chine... j’aimerais en savoir un peu plus, sur ce point, dans le travail de Seibert... Je compte me rendre à son exposition à Winterthur et vous en dirai plus si j’y glâne quelques réponses.

Béat Brüsch, le 16 août 2008 à 00.40 h
Rubrique: Regarder en ligne
Mots-clés: esthétique , exposition , photographe , société , voir
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Images vues à Visa 2007

Sous le titre « À marche forcée », Samuel Bollendorf a présenté à Visa, un reportage sur les oubliés de la croissance chinoise. Sous les dehors clinquants du « libéralisme communiste triomphant », le miracle économique a des aspects bien sombres. Les trois quarts des 500.000 paysans chinois vivent en dessous du seuil de pauvreté. Tout ce petit peuple de miséreux, les mingongs, est condamné à migrer à l’intérieur du pays pour se faire employer à vil prix, dans des conditions épouvantables, à la merci de pouvoirs corrompus. Samuel Bollendorf s’est rendu plusieurs fois en Chine pour réaliser ses photos.Il raconte dans une petite interview combien il a dû ruser pour réaliser son travail. En prenant connaissance de son reportage, on comprend aisément que la face qu’il nous présente n’est pas celle que souhaitent montrer les autorités à la veille de la grande opération de com qu’est l’organisation des Jeux olympiques. Au-delà de cette mascarade annoncée, ce reportage donne la mesure du cynisme sur lequel reposent nos échanges commerciaux avec la Chine. Nos entreprises ne pourront jamais être concurrentielles avec des systèmes érigés en bagnes. Quand on vous dit que l’argent n’a pas d’odeur...
Une galerie de 46 photos est en ligne ici (les commandes du diaporama sont tout en haut, à droite). N’omettez pas de lire les textes ! Les photos ont un aspect très brut. Je ne saurais dire si cet effet est recherché ou s’il est seulement dû aux conditions difficiles des prises de vue. L’éclairage naturel, sans aucun artifice et sans aucune volonté visible d’en améliorer le rendu, y est sans doute pour beaucoup. Cela demande parfois un petit effort de décodage. Toujours est-il que cette sorte d’impitoyabilité renforce l’effet dramatique (s’il en était besoin).
Le photographe français Samuel Bollendorf est né en 1974. Il est membre du collectif l’Oeil public depuis 1999. Depuis cette page, vous aurez accès à quantité de reportages de cette agence. « À marche forcée » a été réalisé grâce à une bourse du Centre national (français) des arts plastiques.

Béat Brüsch, le 24 septembre 2007 à 16.00 h
Rubrique: Regarder en ligne
Mots-clés: exposition , photographe , société , voir
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pantheonJe ne résiste pas au plaisir de vous montrer cette étonnante photo aperçue ce matin sur le site d’APOD (Astronomy Picture of the Day - dont je vous parlais ici). APOD en fait un rapprochement avec cette image de la Terre et de la Lune vues de la planète Mars... Mais la réalité est plus triviale : il s’agit d’une photo prise depuis l’intérieur du Panthéon de Rome. Elle montre le ciel, vu au travers du trou situé au sommet de la coupole et la projection de ce « trou de soleil » sur l’intérieur de la voute. L’auteur de la photo, Soeren Dalsgaard, présente et explique sa photo sur son site.

Béat Brüsch, le 20 avril 2007 à 15.00 h
Rubrique: Regarder en ligne
Mots-clés: voir
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