Mots d'images

Il y a 7 billets répondant au
mot clé «science»

Le site Astronomy Picture of the Day (APOD), que j’ai déjà évoqué ici, a fêté hier ses 15 ans d’existence. Pour l’occasion, l’image du jour était un tableau de Vermeer - Le savant et le géographe - repixellisé par quelques-unes des 5000 images publiées sur le site. Ce procédé où les pixels sont remplacés par autant de photos n’est certes pas nouveau, mais cette espèce de mise en abîme est toujours spectaculaire.

Passer la souris pour voir avant/après

S’agissant de photos de la NASA, je ne peux m’empêcher de mettre cette image en parallèle avec celle publiée sur mon billet précédent qui faisait voir la première photographie numérisée connue. Quel chemin parcouru, depuis cette représentation de la planète Mars au moyen de gros pixels coloriés à la main, jusqu’à cette nouvelle image dont chaque pixel contient - en puissance - une photo de notre univers en haute résolution ! Le vertige technologique de 35 ans séparant ces deux images pourrait bien se calculer en années/lumières !

JPEG - 34.6 ko
Détail

D’autres éléments ont cependant retenu mon attention. Le tableau de Vermeer choisi avait déjà été utilisé une première fois pour célébrer les 5 ans d’existence d’APOD, puis à nouveau pour les 10 ans. Les deux astronomes, fondateurs et animateurs du site, Robert Nemiroff et Jerry Bonnell, se sont plu à se voir représentés ainsi. Une nouvelle version de cette image pour les 15 ans était devenue un passage obligé. Or, je n’ai pas remarqué tout de suite que le Vermeer en question n’a jamais vraiment existé... il s’agit d’un compositage de deux de ses tableaux ! [1]

Comment ai-je pu être leurré (un moment) par cet artifice ? Les auteurs de ce clin d’oeil ne le cachent pourtant pas, puisqu’ils indiquent sous l’image : « Credit & Copyright : Apologies to : Vermeer’s Astronomer and Geographer ». Pressés de découvrir l’image, nous ne nous attardons pas sur le titre du tableau et ne réalisons pas qu’il y est fait mention des 2 tableaux. Le mot « apologies » (excuses) aurait pourtant dû nous mettre la puce à l’oreille, tout comme la mention, plus loin dans le texte, d’un composite ! On a beau dire et redire que la légende est partie intégrante du dispositif photographique pour lui donner du sens, on ne se prête pas toujours à ce jeu !

Cet aller/retour entre texte et image qui nourrit le discours n’est sans doute pas jugé utile lorsque l’image qu’on nous montre semble connue et aller de soi. C’est du moins ce qui m’est arrivé, car je crois connaitre ce savant et ce géographe. Je les ai vus et admirés cent fois ; tellement que dans mon esprit, ils étaient déjà réunis dans une même image ! (Rangés dans le tiroir Vermeer, en quelque sorte ;-) Il faut dire que Vermeer a réalisé un bon nombre de ses peintures devant cette fenêtre et que pour le savant et le géographe il y a des similitudes, dans les objets du décor (table, tissu drapé, armoire, mappemonde, etc), jusqu’au modèle ayant posé pour le personnage. Selon les experts, les 2 peintures auraient été créées en vue d’être accrochées côte à côte. Dans cette Hollande du XVIIe, dont le commerce repose sur les performances de ses grands navigateurs, astronomie et géographie étaient deux sciences associées. [2] Voilà qui unit encore un peu plus ces 2 peintures ! Détail amusant : dans le montage on a gardé les 2 mappemondes visibles sur chacun des tableaux sources alors que nous savons qu’il s’agit du même objet ayant servi plusieurs fois de modèle.

Le petit nombre d’oeuvres de Vermeer - seuls 37 tableaux lui sont attribués - peut parfois donner l’impression qu’on sait tout de ce peintre. Il n’en est évidemment rien. La quantité n’est pas la mesure du génie d’un peintre, tout comme la dimension de ses tableaux - ceux de Vermeer étant de dimensions étonnamment modestes. La plupart de ses toiles sont très connues du public et je pense qu’ils doivent être nombreux, ceux qui comme moi, ont pris l’astronome et le géographe pour un unique tableau de Vermeer ;-)

La présence de Jan Vermeer dans ces pages, d’ordinaire consacrées à la photographie, n’est pas aussi étrangère qu’il y parait. Avec Léonard de Vinci, Vermeer aurait été un des peintres ayant le mieux utilisé la camera obscura pour la réalisation de ses vues. La surface sensible en moins, cette chambre noire ressemble étrangement aux premiers appareils photographiques.

Notes:

[1] L’astronome et le géographe

[2] Sur cette page de l’excellent site du catalogue de Vermeer (Special Topics)

Béat Brüsch, le 18 juin 2010 à 00.43 h
Rubrique: Regarder en ligne
Mots-clés: peinture , photomontage , retouche , science
Commentaires: 0

Personne n’ignore l’existence - et ne saurait se passer - des satellites géostationnaires. Ils servent à relayer des télécommunications, à diffuser des programmes de télé ou à observer la terre pour les météorologues et les militaires (si, si !). Ces satellites sont placés très judicieusement sur une orbite... géostationnaire. La vitesse de rotation des satellites étant fonction directe de leur distance à la terre, cette orbite, située à 35’786 km d’altitude, a la particularité de procurer aux satellites qui s’y trouvent, une vitesse d’une rotation par 24 heures. Cela les rend immobiles à nos yeux et permet donc de les pointer facilement (antennes paraboliques).

EPOD publie aujourd’hui une photo d’une portion de cette orbite. Quand on photographie le ciel, dans une longue pose à l’aide d’un trépied fixe, on ne peut capter que des trajectoires de corps célestes. [1] Ces trainées courbes sont dues au mouvement de rotation de la Terre et leur longueur dépend du temps de pose (exemple ici). Vers les pôles, elles sont concentriques puis s’aplatissent de plus en plus quand on s’approche de l’équateur. En photographiant cette région du ciel, William Livingston, du National Solar Observatory, n’a rien fait d’autre que d’appliquer ce principe élémentaire, connu de tous les débutants en photographie stellaire ! Mais sa photo, en plus des trajectoires des étoiles, nous révèle une multitude de petits points blancs qui sont autant de petits objets immobiles.

Cela pourra paraitre banal à certains. Pourtant, on peut considérer que cette photo a le mérite de nous fournir pour la première fois (à ma connaissance) une image acceptable et réaliste d’un concept qui jusqu’ici n’en disposait pas. Nous grand public, nous pouvons enfin voir de nos yeux, ce qui jusqu’ici n’était qu’une théorie que nous étions bien forcés d’accepter puisqu’elle fonctionne à la satisfaction générale. Les légendes ajoutées sur l’image ne sont pas sa moindre force. En nous faisant pénétrer dans la nomenclature de ces objets célestes, elles cautionnent une vérité physique : ces petits points blancs ne sont pas des artefacts d’origine quelconque, mais bien... « des objets inanimés qui ont une âme » ;-)

Sur le site EPOD, en cliquant une première fois sur l’image on peut l’agrandir. Un nouveau clic sur l’image agrandie vous la révèlera dans une résolution bien plus intéressante. Et vous vous demanderez comme moi, ce que représente cet objet marqué d’un point d’interrogation...

Notes:

[1] Pour « figer » les astres photographiés, il faut être équipé d’un trépied muni d’une monture équatoriale, système qui compense le mouvement terrestre.

Béat Brüsch, le 26 janvier 2009 à 17.21 h
Rubrique: Regarder en ligne
Mots-clés: dispositif , documentaire , science
Commentaires: 0

Marre de voir la photo du Conseil fédéral trôner en tête du blog ! Pour changer, voici un beau coucher de soleil. Oui bon, il a des couleurs spéciales et alors ? Mais vous en avez déjà vu, vous, des couchers de soleil sur la planète Mars ?

JPEG - 49 ko

Crédits : NASA/JPL/Texas A&M/Cornell

Cette photo datant de 2005 a paru récemment sur Astronomy Picture of the Day dont je vous ai déjà souvent parlé. Elle a été réalisée depuis la surface de Mars par le robot Spirit. Les couleurs ont été obtenues en installant sur la caméra un jeu de filtres réputé produire des images aux couleurs proches de celles ressenties par l’oeil humain, quoique légèrement exagérées. Le halo bleu (qui devrait être rouge) est dû à une caractéristique de la caméra pour le travail dans l’infrarouge.
L’atmosphère martienne, très ténue et saturée de poussières, produit ce halo diffus. A cause de son éloignement, le soleil apparait au 2/3 du format qu’il a chez nous. Mais c’est beau quand même, non ?

Béat Brüsch, le 12 janvier 2009 à 01.22 h
Rubrique: Regarder en ligne
Mots-clés: dispositif , documentaire , science
Commentaires: 0

La sonde Phoenix Mars Lander s’est posée avec succès sur la planète Mars dimanche passé, 25 mai. Sa mission est de sonder le sol gelé d’une région polaire de la planète pour tenter d’y détecter les restes de bactéries ayant cohabité avec des petits hommes verts. Non ? C’est pas ça ? Trouvez ici et ici des renseignements plus sérieux... Ce « marsissage » [1] réussi a été largement salué. Il nous a valu cette étonnante image qui est une première en son genre. Nous y voyons la sonde, en train de commencer sa descente sur Mars, suspendue à son parachute et photographiée par un autre instrument déjà sur place. Il s’agit de la caméra HiRISE, embarquée sur le satellite Mars Reconnaissance Orbiter qui, passant par là, a été réorienté momentanément pour pouvoir photographier la descente de Phoenix. En arrière-plan, on voit la surface du sol de la région du pôle.
Pour le grand public, cette photo est évidemment bien moins spectaculaire que les magnifiques vues d’artistes préparées pour l’occasion. Gageons que nous ne la verrons point dans les grands médias qui font l’opinion... [2] Et signalons du coup, que ce « marsissage » a été, une fois de plus, l’occasion pour les télés du monde entier de mélanger allègrement images de synthèse et documents photographiques sans que le téléspectateur béotien en soit averti.


Addenda du 30.05.08 : De nouvelles photos ont été divulguées. Voir ici...

Notes:

[1] Marsissage : à cet instant, déjà 6 occurrences sur Google, alors qu’amarsissage en propose 1300.

[2] Me voici pris en flagrant délit d’imputation.

Béat Brüsch, le 27 mai 2008 à 12.35 h
Rubrique: Les nouvelles images
Mots-clés: dispositif , documentaire , science
Commentaires: 0

JPEG - 129.8 ko
La Voie Lactée, au-dessus de la Pointe de Trévignon (Bretagne)
© Laurent Laveder

Impressionnante image découverte ce matin sur EPOD (Earth Science Picture of the Day), le site qui affiche chaque jour (ou presque) une photo du domaine des sciences de la terre (ou du ciel !). Laurent Laveder, l’auteur de la photo n’est pas un débutant. Pour vous en convaincre, allez voir son site qui regorge de photos de l’atmosphère. Rien de ce qui se passe dans son ciel breton ne lui échappe. Que ce soit une simple trainée laissée par un avion, un phénomène météorologique rare ou un évènement astronomique, tout est prétexte à émerveillement. Je vous renvoie à un précédent billet, au sujet du site APOD (Astronomy Picture of the Day), dans lequel Laurent Laveder est également impliqué.
NB : oui, j’ai modifié le titre de ce billet après coup :-)

Béat Brüsch, le 7 décembre 2007 à 12.20 h
Rubrique: Regarder en ligne
Mots-clés: documentaire , science
Commentaires: 2
0 | 5