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mot clé «photojournalisme»
2008

Voici revenu le temps des rétrospectives annuelles, un des nombreux marronniers de saison à côté des bêtisiers et des bonnes résolutions. Quelques revues annuelles en images...


Désormais dans l’exercice du diaporama de photos de presse, il faut compter avec l’incontournable The Big Picture du Boston Globe. Merveilleuses, étonnantes, tragiques, voire insoutenables... Que dire de ces photos recouvertes de noir avec un avertissement sur leur contenu choquant ? N’est-ce pas justement une invitation à cliquer pour voir ? Mais comment faire autrement ? Au Boston Globe la rétrospective se déroule en 3 parties : part 1, part 2, part 3. Pendant que nous y sommes et pour prendre un peu de hauteur, revoyons leur magnifique calendrier de l’avent, qui rassemble le fleuron des photos de Hubble.

L’agence de photographes L’Oeil Public présente une des plus intéressantes rétrospectives. On n’y trouvera pas l’exhaustivité et les « classiques » des sites de presse. Les photographes de l’agence travaillent ailleurs, autrement, sur le long terme et portent un regard différent de celui de l’actualité vite faite, vite vue.

En 48 images bien choisies (mais pas dans l’ordre chronologique) Time fait le tour de l’année, surtout américaine. Le défilement, page après page, n’est pas très fluide. Il y a d’autres séries de photos à voir chez Time, entre autres, une sélection de photos de Barack Obama tirées de Flickr. (On peut bien sûr se rendre directement chez Flickr pour les voir, mais il y en a 88’692 à cette heure ! Ici c’est une sélection.)

La revue annuelle de Reuters est, cette année, un peu décevante : trop de photos, une sélection relâchée, pas de chronologie ... tout cela fait un peu « foutoir ».

Avec commentateurs et musique d’ambiance pour le pathos, le diaporama de MSNBC en est toujours à essayer d’imiter la télévision. Hié ! Comme les meilleures photos sont aussi visibles sur les autres revues annuelles, on pourra s’en passer.

À L’Express, la page Rétro 2008 en images propose un grand bouquet de Top10 et de Top/Flop. Beaucoup de pipoles, beaucoup d’insignifiances, on dirait une émission de Dechavannes. À éviter, sauf pour voir encore une fois dans quel sens du poil il faut caresser le lecteur...

Le Soir propose Retro Viseur : Un Autre Regard sur 2008. Beaucoup de photos (1 portfolio pour chaque mois) avec, malheureusement, des légendes parfois trop sommaires.

Rue89 propose les 12 vidéos qui ont le plus buzzé en 2008. Choix très franco-français ne portant, pour 10 d’entre elles, que sur des politicards... Affligeant. Vous obtiendrez un choix bien plus ouvert en tapant « best of 2008 » sur youtube ;-)

Magnum proposait l’année passée un beau diaporama sur l’année écoulée. Rien de tel pour l’instant sur leur site. On y retrouvait également des portraits de personnalités décédées dans l’année. Pour les décès de 2008, c’est Le Post et Le Point qui s’y collent, mais l’enterrement est moins classe que chez Magnum.

Ceux que vous ne verrez pas dans les rétrospectives de 2008, ce sont les 229 tués et 700 blessés du raid israélien sur Gaza du 27 décembre. Trop tard pour eux... voici le diaporama et la dépêche de Reuters reprise par Le Monde (plus en ligne).

Béat Brüsch, le 28 décembre 2008 à 01.35 h
Rubrique: Regarder en ligne
Mots-clés: agence , médias , photojournalisme
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Swiss Press Photo 2008

Swiss Press Photo a désigné ses lauréats pour 2008. Le grand prix est décerné à Charles Ellena pour une photo de... Christophe Blocher ! « Kopfertami nonemôôl, encore lui ! » [1] ne peut-on s’empêcher de dire. Depuis son éviction du Conseil Fédéral jusqu’à sa récente et pathétique re-candidature pour le même poste, la presse et les autres médias n’en peuvent plus de nous abreuver de tout ce qui touche de près ou de loin à ce personnage. Sur son blog Piques et répliques, Daniel Schöni-Bartoli relève que Le Matin lui a consacré 8 articles en 4 jours : [2] ...« Il reste une vingtaine de jours jusqu’à l’élection d’un nouveau membre du gouvernement en remplacement du démissionnaire. Va-t-on assister à un déluge blochérien quotidien pendant ces 3 semaines ? Nous arrivons à une personnalisation de la politique totalement hors de proportion avec les pratiques habituelles de notre pays. Le Matin a aussi convoqué tout le ban et l’arrière-ban de l’UDC ainsi que les dirigeants des autres partis pour commenter la chose, pour la faire mousser un maximum... » On peut aussi se demander quel attrait ce pesant personnage peut avoir par rapport à des pipole bien plus légers et agréables à l’oeil du lecteur du Matin ? Peut-être faut-il y voir le rôle de l’ogre, qui à l’instar de celui des contes, est plébiscité par les enfants malgré la peur qu’il engendre ?

Toutefois, la photo lauréate (parue dans Le Matin) se distingue de l’imagerie habituelle. Lors d’une grande manifestation du parti UDC à Berne, le photographe Charles Ellena ne s’est pas joint à la meute de ses collègues qui traquaient l’agitation en ville. Il s’est posté auprès de Blocher attendant le signal de départ pour la manif. On le voit de loin (au grand angle) dans un jardin public, avec son épouse, attendant sagement le signal de départ du cortège. Tous les deux sont entourés d’une meute de gardes du corps. J’en dénombre 9, mais il y en a peut-être d’autres planqués dans les fourrés ou simplement hors champ. En Suisse, un tel déploiement est assez inhabituel. Il faudrait une visite d’état de la part d’une très grande puissance mondiale pour engendrer de pareils dispositifs. Que veut donc nous dire cette photo ? Que Blocher est un grand homme superpuissant ? Qu’il est le roi du pays ? Que des méchants lui veulent du mal et qu’il doit s’en protéger ? Qu’il accepte avec courage de se battre pour notre bien ? Ou simplement la (relative) solitude du pouvoir ?

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© Charles Ellena - Keystone - Swiss Press Photo

A l’époque, Blocher était encore (pour 2 mois) Conseiller fédéral et accessoirement chef du Département fédéral de justice et police. La manifestation à laquelle il se rendait (6 octobre 2007) devait réunir 10’000 partisans de l’UDC. Elle était ressentie comme une manifestation de force, une provocation, qui ne pouvait laisser indifférents une gauche radicale et les casseurs. On pouvait donc bien s’attendre à quelques débordements. Fallait-il pour autant une garde rapprochée de cette importance ? N’étant pas spécialiste en matière de protection du patrimoine politique, je ne me prononcerai pas. Par contre, ce dont je suis sûr, c’est que dans un pays où l’on peut aisément croiser des représentants de nos plus hautes autorités dans des lieux publics sans qu’un service d’ordre se fasse remarquer, cet étalage ostentatoire de bodyguards est frappant.

Derrière son aspect anecdotique, cette photo, véhicule des messages bien plus forts que les portraits un peu bonasses du personnage auxquels nous sommes habitués. On y trouve la manifestation d’une puissance calme, sûre d’elle et intouchable. Peut-être que ce spectacle n’a pas été mis en scène par Blocher et ses communicants (qui ne sont pourtant pas nés de la dernière provocation) et dans ce cas, c’est tout à l’honneur du photographe de l’avoir débusqué.

D’autres photographes ont été distingués par le jury :
- Magali Girardin, Genève, pour un travail sur la prostitution masculine
- Ruth Erdt, Zürich, pour une série d’images avec ses propres enfants
- Olivier Vogelsang, Genève, qui gagne 2 prix, l’un pour des fans de l’équipe suisse de football et l’autre pour des danseuses et des danseurs du Ballet du Grand Théâtre de Genève.
- Jean Revillard, Genève, pour ses photos d’abris provisoires d’immigrés clandestins dans les bois environnant Calais. Cette série avait déjà été récompensée d’un prix au Worldpress 08 et lui avait valu quelques critiques, dont celles de Louis Mesplé (Rue89).

Les photos lauréates sont à voir ici. La description de tous les prix distribués se trouve ici. On peut obtenir le catalogue en librairie ou directement chez l’éditeur.

Notes:

[1] Kopfertami nonemôôl
Juron très commun en Suisse alémanique, correspondant à peu près à « nom de dieu ». Essai d’éthymologie...
Kopfertami : Gott verdammt = littéralement : dieu damné
nonemôôl : noch einmal = encore une fois (s’utilise comme « une fois » en Belgique)

[2] Depuis la date de ce billet, ça continue évidemment. Il faut dire aussi que les autres journaux ne sont pas en reste, mais je n’ai pas compté !

Béat Brüsch, le 30 novembre 2008 à 18.57 h
Rubrique: A propos d’images
Mots-clés: peoples , photojournalisme , presse
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Le cas de Carl Just dont on a parlé récemment en Suisse m’a interpellé et j’ai voulu en savoir plus. J’ai abordé plusieurs fois le photojournalisme de guerre dans ce blog et le fait que Carl Just ne soit pas photographe ne change pas grand-chose au fond.


Carl Just (52 ans) a été reporter de guerre pendant plus de 25 ans pour le compte de titres tels que Stern, Schweizer Illustrierte, Blick, etc. Ce grand reporter a ainsi suivi de très près les guerres, massacres et autres génocides qui ont ensanglanté le monde. Il a assisté aux guerres Iran-Irak dans les années 80, aux 2 guerres du golf et aux guerres de l’ex-Yougoslavie. Il a couvert les conflits libanais et israélo-palestiniens. En 2002, il reçoit le prix Ringier pour des « performances journalistiques exemplaires ». 2 ans plus tard, il est brisé, il souffre de stress post-traumatique. En juillet 2007 il est licencié par son employeur, le groupe Ringier [1]. Estimant que son employeur n’a pas reconnu sa maladie et que celle-ci était imputable à son travail, il se tourne vers le tribunal des prud’hommes. Lors du procès, le 4 septembre 2008, les avocats des 2 parties ont convenu d’un dédommagement dont le montant n’a pas été communiqué. [2] L’avocat de Carl Just a déclaré que cette transaction n’avait pourtant pas force de loi.

Le Post-Traumatic Stress Disorder (PTSD)

ou état de stress post-traumatique (ESPT), est une affection qui est bien connue dans les pays ayant une armée en guerre. Sa réalité est vieille comme le monde, mais son étude et sa reconnaissance sociale sont plutôt récentes. De la part des autorités, cette reconnaissance est souvent difficile, surtout pour des motifs de propagande négative qu’on peut aisément imaginer mais aussi pour de simples raisons pécuniaires. Le public est cependant sensibilisé aux problèmes des retours de guerre depuis celle du Viet Nam qui a engendré bon nombre de films qui rompaient avec une tradition du film patriotique hollywoodien. Ces films abordent de différentes manières les problèmes soulevés par le PTSD, que celui-ci survienne pendant les combats ou au retour de guerre. Le cinéma ayant joué un rôle majeur dans la reconnaissance de ces troubles, je m’en remets à un texte consacré au cinéma [3] pour citer une définition du PTSD :
« ... Le PTSD est défini comme une névrose de guerre chronique attenante à toutes les misères et horreurs subies pendant les hostilités ou à l’effroi éprouvé lors d’un évènement unique, tel que combat rapproché, embuscade, bombardement, arrestation, déportation, torture. La névrose se déclenche après un temps de latence qui peut aller de plusieurs mois à quelques années et se traduit par des souvenirs obsédants, des visions hallucinées, des cauchemars, des accès d’angoisse ou d’irritabilité, un sentiment d’insécurité permanent, une peur phobique de tout ce qui rappelle la guerre ou la violence, l’impression d’être incompris, une forte lassitude, ainsi qu’une tendance au repli sur soi dans d’amères ruminations. Si auparavant les médecins mettaient ces symptômes sur le compte de la dépression, l’apparition croissante des séquelles tardives des vétérans du Vietnam entre 1975 et 1980 attirèrent l’attention des professionnels de la santé mentale, de l’administration des vétérans et des pouvoirs publics. Au lieu de prescrire aux vétérans des antidépresseurs qui ne font qu’écrêter les symptômes sans résoudre la cause du mal, on a pu mettre en place un accompagnement psychiatrique adapté. On utilise par exemple "la propre parole du patient (verbalisation cathartique) pour lui faire prendre son indicible trauma à son compte, lui qui, ancré dans son statut de victime, n’en voulait rien savoir"... »
Voilà pour les soldats.

Ce qu’on sait moins, c’est que les journalistes

confrontés aux mêmes horreurs peuvent développer les mêmes traumatismes. [4] S’ils sont journalistes de guerre et donc exposés de manière répétée, les risques sont évidemment plus marqués. Selon une synthèse de différentes études présentée par le Dart Center [5] :
- Seuls 5.9% de photojournalistes exposés à des événements tragiques présentent des risques de développer un PTSD. Ils sont 4.9% dans la presse écrite.
- S’agissant de reporters de guerre, les risques pour le PTSD se montent à 28%, les risques de dépression à 21% et les risques liés à l’alcool et aux autres drogues à 14%. Sources et page complète ici. Une autre étude a par ailleurs montré que les journalistes de guerre « embedded » présentaient les mêmes taux de risques de développer un PTSD que les autres.

Les problèmes liés au PTSD des journalistes sont peu pris en compte de ce côté de l’Atlantique. Carl Just déclarait dans une interview télévisée (v. plus bas) : « J’ai eu la malchance de tomber - dans cette Suisse pacifique - sur un éditeur relativement petit, d’un point de vue international, et d’incarner le premier cas (ndlr : de PTSD). Je dois assumer cela. Je le fais... Comme si je n’avais pas déjà assez fait la guerre ! »

Les Américains sont des pionniers en la matière, normal, ils sont aussi les plus belliqueux ! [6] On y trouve bien sûr de nombreux organismes (privés, associatifs, charitables et même gouvernementaux) s’occupant des soldats de retour de guerre. Depuis le début des années 90, les reporters de guerre y bénéficient de structures spécifiques. Les grands groupes de presse d’outre-Atlantique en sont partie prenante et ont mis en place des procédures de diagnostic pour les journalistes exposés ou l’ayant été. D’autres mettent sur pied des cours préventifs pour apprendre à gérer des situations de grand danger. Les photographes (et cameramen) de guerre sont plus exposés que d’autres journalistes de guerre, car ils sont obligés de travailler très près des dangers. Et le Dr Feinstein [7] de rappeler le mot de Capa : « Si vos photos ne sont pas assez bonnes, c’est que vous n’étiez pas assez près. »

Dans une interview

réalisée par le Tages Anzeiger [8], Carl Just nous raconte sa vie actuelle, retiré à la campagne, loin du fracas du monde. Il détaille quelques cauchemars post-traumatiques qui le font replonger régulièrement, puis il nous parle métier. Extraits...
« – Pourquoi êtes-vous devenu reporter de guerre ?
– Quand j’étais jeune homme, j’étais persuadé qu’il suffirait que j’écrive 4 articles contre Le Mal pour que le monde devienne meilleur. J’étais politiquement très à gauche. Plus à ma gauche, il n’y avait guère que le mur de Berlin. À l’époque, certains films qui honoraient les reporters de guerre étaient populaires : par exemple, « Under Fire » avec Nick Nolte. C’est cet amalgame qui m’a fait devenir reporter de guerre. Quand, de retour du front, je rentrais à la maison ou au bar de l’hôtel, j’étais un héros pour les gens : quand je racontais, ils étaient suspendus à mes lèvres. Et les plus belles femmes étaient à mes pieds. C’est ainsi qu’on devient un macho.
– Étiez-vous devenu accro à ce style de vie ?
– (...) L’adrénaline provoque-t-elle une dépendance ? Probablement oui. En tant que reporter de guerre, tu finis par devenir arrogant et présomptueux : parfois quand je me trouvais en Suisse, je disais aux gens : « Que sais-tu donc des vrais problèmes de ce monde, la Suisse est tellement ennuyeuse ». Tu te mets alors en quête d’un « shoot » d’adrénaline et tu repars dans une région en guerre.
...
– On reproche aux reporters de guerre de se laisser embrigader par les parties et de témoigner unilatéralement. Étiez-vous un journaliste « embedded » ?
– L’opinion est fabriquée loin du théâtre des opérations. Les rédacteurs en chef dînent avec des politiciens importants et décident ensemble qui est le gentil et qui est le méchant. De retour à la rédaction après un reportage, mon chef me racontait ce qu’il en était de la situation sur place, là d’où je revenais. Ils construisaient l’histoire que je devais raconter. Longtemps je n’ai pas remarqué que j’étais manipulé par la rédaction. En même temps, ils me célébraient comme leur envoyé spécial (Mann vor Ort). »

La veille de son procès, la TV Suisse alémanique a diffusé une interview de Carl Just que l’on peut voir ici. - Scrollez la page jusqu’à : Kriegsreporter gegen Ringier : Prozess wegen Kündigung. (Les réponses de l’interviewé sont en dialecte suisse allemand, une langue hors de portée des non-initiés ;-)

Pour Carl Just, dans ce procès il en allait de sa réhabilitation

et de ce point de vue, il est relativement satisfait. Mais le plus important pour lui était de lancer ce thème du PTSD. On a ainsi pu apprendre à quels risques les journalistes en terrain de guerre pouvaient s’exposer en plus des dangers physiques immédiats.

C’est un début. Le procès ne fera pas jurisprudence. D’après ce qu’on peut constater en lançant quelques recherches sur internet, en Europe, le sujet du PTSD des journalistes reste très confidentiel, cantonné à quelques publications scientifiques s’adressant à des chercheurs. (Mais c’est bien volontiers que je publierai un démenti à cette affirmation ;-)

Notes:

[1] Ringier (Blick, Schweizer Illustrierte) est le plus grand éditeur de presse suisse. (Edipresse est le 2e, alors que Tamedia, éditeur du Tages Anzeiger est le 3e.)

[2] Carl Just réclamait 200’000 francs suisses.

[3] Il était une fois le cinéma - Les traumatismes psychiques de guerre dans les films américains de 1975 à 1980 : vers une reconnaissance sociale des vétérans du Vietnam - Article de Rémi Forte

[4] Des catégories de personnes de la vie civile sont évidemment concernées aussi : victimes ou témoins de prises d’otages, d’accidents, de catastrophes naturelles, d’attentats, de viols et de toutes formes de violence.

[5] Le Dart Center est un réseau de journalistes, formateurs de journalistes et professionnels de la santé s’occupant de tous les aspects de la couverture médiatique d’évènements tragiques. Il s’inquiète aussi de l’impact qu’ils peuvent avoir sur les journalistes qui couvrent ce type d’événements.

[6] J’aimerais trouver une étude qui recenserait les jours ou ce pays n’est pas en train de guerroyer quelque part !

[7] The War Inside - article en anglais sur les travaux du Dr Feinstein. Le Dr Anthony Feinstein est un spécialiste du PTSD, qui préside un site internet - sponsorisé par CNN - que les journalistes peuvent utiliser pour une auto-évaluation de leurs risques de présenter des syndromes en rapport avec le PTSD.

[8] Tages Anzeiger - Schweizer Starreporter : Immer wieder den Krieg im Kopf - Interview Dario Venutti. Aktualisiert am 11.11.2008

Béat Brüsch, le 17 novembre 2008 à 23.34 h
Rubrique: A propos d’images
Mots-clés: guerre , photojournalisme , société
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Les festivals de photo de l’été sont de retour. Leurs sites internet, tout frais tout beaux, sont en ligne et il faut les consulter pour se faire des envies... Celui d’Arles, après l’interface ésotérique et décourageante de 2007, revient à une navigation classique dans laquelle tout le monde s’y retrouve (c’est le but, non ?). Et, bonne surprise, Visa s’est enfin offert un site moderne et digne de ses aspirations (il n’est juste pas encore complet, mais la manifestation est en septembre).

Les Rencontres d’Arles 2008 Expositions du 8 juillet au 14 septembre 2008 (accréditations jusqu’au 15 juin !)
« Ceux qui s’attendent à un festival « Fashionista » auront le droit d’être déçus. D’ailleurs qu’est-ce que mode veut dire aujourd’hui ? J’aimerais mieux le masculin « Un » mode d’être, de se montrer, de paraître. Alors ne pas s’arrêter aux poses et postures, aux étoffes et aux fards mais gratter sous la peau, sous le regard pour approcher au plus près ce qui parmi ces millions ou milliards d’images qui me sont passées par la rétine, ont provoqué l’oeil, arrêté mes goûts et mes couleurs, peut constituer le chemin de cailloux blancs où entrainer les visiteurs de cette 39e édition. » Christian Lacroix, commissaire invité des Rencontres et natif d’Arles.
Dans la liste des expositions, Richard Avedon et bien d’autres, à découvrir directement ici.

Visa pour l’Image, Festival international du photojournalisme. Du 30 août au 14 septembre 2008 (Semaine professionnelle du 1er au 7 septembre 2008).
« Les milliers d’images qui nous sont proposées à Visa pour l’Image (...) sont, depuis ces 2 ou 3 dernières années, de plus en plus aseptisées, uniformisées et pour tout dire sans intérêt, ressassant les mêmes sujets vus sous le même angle. Le phénomène ne fait que s’accentuer. C’est à cette dégradation de l’image que notre rendez-vous annuel voudrait tenter d’apporter une explication, si ce n’est une amorce de solution. » Jean Lelièvre (direction du colloque)
Dans la liste des expos, encore incomplète : David Douglas Duncan et bien d’autres à découvrir directement ici.

Il y a aussi : • Le Festival de la Gacilly, qui pour sa 5e édition a changé de nom et devient le Festival Photo Peuples et Nature. Cela se passe en Bretagne du 30 mai au 30 septembre 2008, en plein air. • Les Transphotographiques de Lille, du 15 mai au 29 juin 2008 (c’est maintenant !) • Pour l’exhaustivité, on se rendra chezPhotosapiens qui tient à jour un annuaire des festivals photo de France.

Béat Brüsch, le 4 juin 2008 à 12.10 h
Rubrique: Voir de ses yeux
Mots-clés: Arles , exposition , photographe , photojournalisme
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L’affaire André Zucca

Jamais encore la notion de contexte (ou de « contextualisation ») en rapport avec des images n’avait autant circulé que ces dernières semaines. Tout aussi rarement a-t-on pu constater à quel point les blessures de l’histoire étaient si inégalement cicatrisées.
« ... la plus importante polémique occasionnée par une exposition de photographies en France. » C’est ce que nous dit André Gunthert dans son dernier billet consacré à l’exposition des photos d’André Zucca, « Les Parisiens sous l’Occupation ». Vu de mon île, le débat me semble en effet extrêmement nourri et passionnant, même dans ses contributions les plus sommaires. N’ayant pas l’opportunité de me rendre dans ces quarantièmes rugissants, je me préparais néanmoins à établir une petite chronologie hyperliée des événements, façon de prendre dates et références. Mais c’est chose déjà faite par Audrey Leblanc sur cette page qui a le grand mérite de « recontextualiser » les différentes interventions, ce que n’aurait pu faire la simple liste de liens que je m’apprêtais à réaliser ! Mais Audrey Leblanc « oublie », probablement par une retenue qui est tout à son honneur, de citer tous les billets parus sur ARHV autour de ce sujet. Les voici donc, en ordre chronologique, avec quelques citations :

Le mensonge d’un artisan, la réalité d’un artiste - 23.04.08
(recension de l’émission d’ASI sur le sujet)

De la valeur absolue historique d’une image - Audrey Leblanc - 28.04.08
... « Le livre-catalogue n’est d’ailleurs pas rangé au rayon histoire ni photographie dans les librairies mais plutôt au rayon Paris : il vend parfaitement l’image très construite de ce qu’est le cliché parisien. »
...
... « Abstraction ou « indifférence » dans l’attitude des organisateurs de l’exposition qui insistent sur les prouesses techniques et la dimension esthétique de ces images et participent dans leur choix à une représentation “clichéïque” de Paris pendant cette période. Comme si on voulait nous faire croire à ces regards qui voient sans que cela ne les regarde. »

La défaite de la photographie - André Gunthert - 16.05.08
(Ce billet ne parle pas directement des images de Zucca. Mais quel bonheur, pour un blogueur suroccupé de pouvoir piocher aussi opportunément dans sa réserve de textes de derrière les fagots ;-)
...
« ...les principales limitations à l’usage de la photographie pour figurer un conflit proviennent des caractéristiques du médium lui-même : à l’inverse de la plasticité offerte par le dessin ou le montage, le témoignage photographique se présente comme une matière plus rugueuse, une image "sale", visiblement moins malléable, moins à même de se prêter à la recomposition des significations. »

André Zucca, la couleur rêvée - André Gunthert - 18.05.08
... « Comme tout enregistrement, une photographie présente l’équivalent de ce qu’on appelle en électronique un rapport signal-bruit (où le signal est l’information recherchée, le bruit, l’information inutile). Privés de l’information qui permettrait de comprendre ce que le photographe a voulu montrer – le signal –, les spectateurs de ces photos déshistoricisées ne perçoivent plus que des détails insignifiants, livrés aux jeux de l’interprétation – le bruit. »

Sur ViteVu : Voir/Ne pas voir l’occupation - Michel Poivert - 24.04.08
... « ... la conscience individuelle prime toujours sur la conscience collective. Zucca nous renvoie aussi, du fond de l’histoire, un miroir déformé mais aussi inquiétant de nous-mêmes. »


Mises à jour : Plusieurs conférences/débats ont été organisées autour de cette exposition...
D’Atget à Zucca, ou comment naissent les légendes - André Gunthert - 12.06.08
Le numérique révise l’histoire, ou André Zucca à Disneyland - André Gunthert - 21.06.08 « J’ai enfin pu accéder aux diapositives originales d’André Zucca à la BHVP... »
Un intéressant débat sur la restauration des photos.

Béat Brüsch, le 19 mai 2008 à 16.10 h
Rubrique: A propos d’images
Mots-clés: contexte , exposition , guerre , photojournalisme , éthique
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