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pantheonJe ne résiste pas au plaisir de vous montrer cette étonnante photo aperçue ce matin sur le site d’APOD (Astronomy Picture of the Day - dont je vous parlais ici). APOD en fait un rapprochement avec cette image de la Terre et de la Lune vues de la planète Mars... Mais la réalité est plus triviale : il s’agit d’une photo prise depuis l’intérieur du Panthéon de Rome. Elle montre le ciel, vu au travers du trou situé au sommet de la coupole et la projection de ce « trou de soleil » sur l’intérieur de la voute. L’auteur de la photo, Soeren Dalsgaard, présente et explique sa photo sur son site.

Béat Brüsch, le 20 avril 2007 à 15.00 h
Rubrique: Regarder en ligne
Mots-clés: voir
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L’autre soir, lors d’un zap télé d’insomniaque désoeuvré, je suis tombé sur un documentaire consacré à la vie du photographe Edward Quinn. Parfois, dans ces occasions de disponibilité on peut avoir la chance de découvrir de petits bijoux qui nous réconcilient pour un temps avec la télé. Ce fut le cas ce soir-là.
Après une courte carrière de guitariste de jazz, Edward Quinn, d’origine irlandaise, est engagé dans la RAF pendant la Seconde Guerre mondiale. A la fin des hostilités, il se retrouve sur la Côte d’Azur et, voyant que toutes les célébrités s’y donnaient rendez-vous, il se dit que ce serait le bon endroit et le bon moment pour leur tirer le portrait. La presse est alors friande de stars glamour et de starlettes en bikini (petites pièces de vêtement tout juste inventées et tout juste tolérées). Bien que n’y connaissant strictement rien, il décide de devenir photographe. Il potasse tous les bouquins qu’il peut trouver sur le sujet.
pin upEt bientôt il commence à photographier les starlettes et pin up issues des concours de beauté (ci-dessus : Miss Angora !), alors fréquents sur la côte. Puis il passe à la vitesse supérieure en photographiant de vraies stars déjà célèbres. Les grands magazines publient ses photos et cela commence à bien marcher pour lui. Grâce à ses informateurs, il sait toujours où trouver ses « sujets ». Parfois, il a besoin d’un peu de culot pour arriver à ses fins. Avec certaines stars il développe une amitié basée sur une confiance réciproque : elles ont besoin de photos pour leur carrière et savent que lui ne publiera jamais de photos désavantageuses pour elles. Heureuse époque... (soupir) !
En ces années 50, après les restrictions et malheurs de la décennie précédente, les gens ont besoin de rêve pour se persuader qu’une certaine joie de vivre est de retour. Ces « Golden fifties » méditerranéennes s’inscrivent dans le XXe siècle comme une époque d’insouciance, bardotempreinte d’une candeur qu’on a du mal à imaginer aujourd’hui. Les stars d’alors avaient une aura et une prestance bien éloignée de celle, par exemple, des mannequins anorexiques qu’on voit tirer la gueule de nos jours. Les photographes étaient sous le charme et le public, bon enfant, en redemandait. Mais tout à une fin... le terme de paparazzi a été popularisé dès 1960 par le film La Dolce Vita de F. Fellini. Depuis, les rapports entre le showbiz, le public, la presse et la phynance sont devenus nettement plus complexes et se sont tendus à l’extrême.
Edward Quinn ne photographie pas que les stars du showbiz. Les têtes couronnées, les célébrités du monde des affaires et de la politique se bousculent également sur la Riviera et sont irrémédiablement photographiées... tout comme le monde de la culture et des beaux arts. C’est ainsi qu’en 1951 il se rend à Vallauris chez Picasso. Après plusieurs tentatives, il réussit à se faire admettre dans l’atelier du peintre et deviendra son ami. Il réalise de nombreuses photos de Picasso au travail et dans sa vie de famille. Plusieurs livres témoignent de cette relation privilégiée. Depuis les années 60, Quinn a aussi consacré son temps à d’autres artistes tels que Georg Baselitz, Max Ernst, Alexander Calder, Francis Bacon, Salvador Dali ou David Hockney. Depuis 1992 jusqu’à sa mort en 1997, il a vécu en Suisse avec son épouse Gret, de nationalité suisse.
Peut-être pour éviter la forme du documentaire classique, didactique et légèrement ennuyeux à la manière anglo-saxonne, les auteurs du film ont eu la rafraichissante idée de raconter la picassovie de Quinn à travers une répétition d’orchestre de jazz où l’on assiste à la création et l’enregistrement en direct de la bande-son du film. Une sorte de film dans le film, ou plutôt un film dans le concert. L’effet est magique, car il traduit merveilleusement l’ambiance légère, festive et insouciante de l’époque, sans rien retrancher à la qualité des témoignages. Il faut dire aussi que la maitrise de musiciens tels que Franco Ambrosetti ou Daniel Humair y est pour beaucoup !
Le film s’appelle RIVIERA COCKTAIL et est produit par NZZFilm. [1] Vous pouvez voir ici une page de présentation du film. Un clic sur Trailer Klein/Gross, vous permettra de visionner la bande-annonce. Il semble qu’il n’y ait pas de DVD du film, mais vous trouverez par contre les coordonnées des distributeurs du film ! Le commentaire du film est en allemand et on doit bien y parler 3 autres langues. La version que j’ai vue était en VO sous-titrée français.
Le site officiel d’Edward Quinn vaut largement le clic, pour les données biographiques, les commentaires et les archives. De nombreuses photos représentatives du travail du photographe y sont visibles dans un format correct. [2] Le site est maintenu par Gret Quinn, l’épouse d’Edward que l’on voit aussi dans le film. C’est elle qui se charge de l’archivage de cette somme de photos. À ce que j’ai cru comprendre, c’est également elle qui réalise les tirages papier.

Notes:

[1] Pour nos amis français : NZZ est un journal suisse alémanique important ainsi qu’un groupe de presse

[2] C’est loin d’être le cas pour beaucoup de photographes décédés, dont les héritiers en charge ne publient jalousement que de succinctes photos de la taille d’un timbre-poste !

Béat Brüsch, le 17 avril 2007 à 00.50 h
Rubrique: Regarder en ligne
Mots-clés: peoples , photographe
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Dans le grand public, l’agence Reuters est surtout connue pour cette malheureuse photo de bombardement au Liban maladroitement retouchée. Dans l’énorme flux de photos qui passe par leurs services, un accroc est vite arrivé et je crois qu’ils ont été très prompts à réagir.
girafeMais Reuters c’est aussi une très grande agence de presse qui abreuve les médias du monde entier de ses « produits » (dépêches, articles, photos, vidéos, etc), ainsi que le monde des entreprises et de la finance de nombreuses bases de données spécifiques.
Pour le public intéressé par les images (donc vous, puisque vous venez ici ;-) Reuters met en ligne sur son site, un grand nombre de galeries d’images d’actualités qui valent le clic. Vous les trouverez pour la plupart sur cette page. Mais voici des liens directs vers ces galeries...


Mise à jour juillet 08 : J’ai supprimé tous ces liens, car la plupart ne sont pas maintenus ! (Pourquoi ? Mais mon bonzami, une agence de presse n’a pas vocation à faire office de musée ! Il faut vendre de nouvelles images !)


The State of the World semble être la nouvelle formule pour la galerie annuelle. Contient plusieurs galeries thématiques.
Je fais une pub bien involontaire à Reuters, mais quand on nous présente un choix de photos de cette tenue, on aurait tort de se priver d’y jeter un coup d’oeil.
Reuters propose également un blog alimenté (de temps en temps) par leurs photographes. J’ai été accrochépar cette histoire de regard d’enfant capté par un photographe de guerre en Irak.
On a pas mal parlé de ces agences qui sont nées récemment afin de collecter les photos d’amateurs pour les proposer aux médias. Voir mon billet « Nous sommes tous des paparazzis ». Eh bien, les grandes agences ne s’en sont pas laissé compter. Tout le monde sait que depuis toujours, elles acceptaient (et rémunéraient) des photos d’actualité prises par des amateurs. Aujourd’hui, pour rester dans le coup, elles mettent en place sur internet, leur propre service dédié. Celui de Reuters est à voir ici. (Pour la rémunération des photos, c’est assez nébuleux... ils ne se mouillent pas beaucoup !)

Béat Brüsch, le 7 avril 2007 à 00.20 h
Rubrique: Regarder en ligne
Mots-clés: agence , banque d’image
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Il n’y a guère que les photographes de studio qui n’ont jamais photographié un nuage. Nous en photographions presque chaque fois que nous sommes en extérieur. Quelques fois nous sommes également les témoins de phénomènes atmosphériques dont nous ne savons pas grand-chose. Comment nait un arc-en-ciel ? C’est quoi un halo ? Le rayon vert existe-t-il ? Pourquoi voyons-nous des rayons de soleil autour des nuages ? Que sont ces formes bizarres que prend le soleil couchant ?
arcencielLes spectacles visuels que produit la lumière en interaction avec les gouttes d’eau, les cristaux de glace ou les poussières de l’atmosphère, c’est tout ce que nous propose Athmospheric Optics. Mais c’est tout un programme : des photos à couper le souffle et des explications scientifiques détaillées pour chaque effet. Beau travail pour les curieux et les esthètes. Désormais, quand vous photographierez un truc bizarre dans le ciel, vous pourrez aussi savoir ce que c’est. Et sur cet autre site, on vous expliquera tout ce qu’il faut savoir pour photographier ces phénomènes atmosphériques.
Au rayon des nuages, il y a aussi des collectionneurs. En voici un qui accumule les photos d’une espèce plutôt rare et spectaculaire : les nuages lenticulaires. J’en ai vu quelques fois en haute montagne et c’est vrai que cela vaut le coup d’oeil. La collection de mammatus clouds n’est pas mal, elle aussi. Une autre encore est constituée de photos d’avions passant le mur du son...! J’ignorais que ce fut aussi un effet visuel. Étonnant et impressionnant. ...est-ce que j’ai une gueule d’atmosphèèèèère...? »

Béat Brüsch, le 28 mars 2007 à 15.25 h
Rubrique: Regarder en ligne
Mots-clés: documentaire , science
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Les images d’Isabelle Hayeur nous montrent des paysages profondément perturbés par l’homme. Zones d’aménagement provisoires, territoires incertains que nous voyons quelques fois à la périphérie des villes et dont peu se soucient. On serait tenté de dire « no man’s land », mais ce serait une contre-vérité, car l’empreinte de l’homme y est criante. Loin des paysages idylliques de cartes postales, on ne sait pas toujours si ces lieux désenchantés sont le fruit d’une volonté délibérée, s’ils sont en attente d’autre chose, ou s’ils résultent d’une suite de défaillances et d’incuries. Souvent, on se prend à espérer que la nature finisse par recouvrir et effacer ces abandons. Mais le pourrait-elle ? Pour bien marquer son propos, Isabelle Hayeur réalise la plupart de ses images en photomontage. J’entends déjà les cris des puristes et des naïfs : « Mais c’est du trucage ! » Eh oui, c’est tout truqué ;-) Et alors ? Le fait est ouvertement affiché par l’auteure. Cela fait même partie intégrante de sa démarche. On peut même se demander, avec un peu de malice si Isabelle Hayeur avec ses collages, ne se prend pas, elle aussi, pour un de ces architectes de l’abdication et du je-m’en-foutisme ? Plus sérieusement, elle se trouve à l’exact opposé, car elle, elle sait ce qu’elle fait. Quand elle rend un endroit plus glauque qu’il n’est ou qu’au contraire elle y introduit un clin d’oeil bucolique, c’est pour mieux nous faire voir ce que nous ne voyons plus. Et là au moins, ça ne fait pas plus de dégâts qu’une image !

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Dans « Maisons modèles » nous voyons des maisons témoins, conçues comme des décors posés dans des paysages acculturés et servant d’abri à des vies dédiées au paraître et à la consommation.
© Isabelle Hayeur - clic pour voir + grand sur son site
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Dans « Excavations » nous assistons à la première étape de la transformation d’un paysage appelé à disparaître par nivellement. Certaines juxtapositions d’éléments à des échelles différentes créent des instabilités visuelles troublantes en bouleversant les hiérarchies.
© Isabelle Hayeur - clic pour voir + grand sur son site

Isabelle Hayeur déclare à propos de son travail : « À l’instar du cinéaste Robert Bresson qui considérait que « Le réel brut ne donnera pas a lui seul du vrai » j’appréhende le monde en le recomposant pour en rapporter des images qui le saisiront dans toute sa complexité. La mise en relation de lieux, d’événements et de temporalités aux provenances diverses crée des rapprochements (géographiques et sémantiques.) Elle permet aussi de condenser les territoires pour rendre visible des étendues beaucoup trop vastes pour être contenues sous l’objectif. C’est une façon de faire entrer le hors champ à l’intérieur de l’image. » (Texte en entier sur son site, ici.) Le site internet d’Isabelle Hayeur présente différents aspects de son travail et notamment des galeries de photo bien fournies. Chaque série d’images y est accompagnée d’un commentaire de l’auteure qui nous éclaire sur le sens de ses recherches.
Ce travail n’est pas sans me rappeler celui de Nicolas Faure, photographe suisse dont j’ai aimé une exposition au musée de l’Élysée en 2006. Le thème en était les « jardins » qui se développent sur les bas côtés des autoroutes. Mais le travail de Faure est différent : il se veut surtout documentaire. Ses images sont réalisées au moyen d’une chambre grand format (donc en argentique). Malheureusement, je n’ai pas pu trouver la moindre petite image de cet auteur sur internet !

Béat Brüsch, le 13 mars 2007 à 23.15 h
Rubrique: Regarder en ligne
Mots-clés: architecture , photomontage , société
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