Mots d'images

histoires d’images, points de vue,


Après les enfants trop sages (de Loretta Lux), parlons des adultes pas sages. Le site de parodies de couvertures de Martine fait un malheur. Passer de 8 visiteurs par jour, à plus de 70’000 en moins de 10 jours, c’est ce qui s’appelle un succès. Même l’auteur de la blague n’en revient pas. Martine, c’est la petite héroïne de livres pour la jeunesse qui a fait rêver bien des petites filles (qui n’en sont plus aujourd’hui). Comme l’explique David Abiker sur son blogue : « ... le succès de cette Martine-là sur la toile correspond, je crois, à un besoin de transgression qui ne s’exprime plus en surface. Je le perçois comme une volonté de se réapproprier non pas les territoires de l’enfance façon adulescent mais au contraire d’envoyer à l’époque de l’enfant est roi une sorte de rappel à l’ordre. Martine qui aime la bite c’est la blague d’un adulte qui saute à pieds joints dans une flaque d’eau pour provoquer un rire sain et suggérer que les temps qui courent sentent un peu trop la fraise Tagada. » Sur cette page l’auteur raconte son aventure. Il se pose des questions sur la légalité de sa parodie... Questions intéressantes, auxquelles il n’y aura probablement pas de réponses, car je vois mal un éditeur refuser une si soudaine et gratuite publicité ! En cette période à l’actualité plutôt pesante, c’est à un bon rire libérateur que nous invitent ces nouvelles Martine.
Voici quelques sites qui parlent de Martine : Blog de David Abiker, Ecrans.fr (Libération), La Boîte à images, 20 Minutes... Gageons que ce ne seront pas les derniers...
Mise à jour du 19.11.07 : A la demande de Casterman, l’éditeur de Martine, le site le plus poilant de l’année a fermé. Dommage. Voir l’article d’écrans... et ce qu’en dit l’auteur du site.

Béat Brüsch, le 26 octobre 2007 à 16.55 h
Mots-clés: société
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Sur le chemin du retour de Visa pour l’Image à Perpignan (j’y reviendrai), je me suis arrêté aux expos des Rencontres Photographiques d’Arles, qui accueillaient leurs derniers visiteurs.L’agence Magnum, qui fête ses 60 ans, y faisait voir une impressionnante exposition rétrospective. Après la présentation d’un ensemble de panneaux qui mettait l’accent sur les points forts de la chronique de l’agence, on invitait le visiteur à choisir, en vidéo interactive, une sélection de photos de chacun des 80 photographes de l’agence. Ce fut l’occasion, une fois de plus, de prendre la mesure du nombre et de la qualité des « grosses pointures » qui sont, ou qui ont passé, chez Magnum ! Toujours à l’affut de bribes de réponses à mes questionnements au sujet des images (C’est quoi une image ? Où est la vérité ? Est-ce que les images mentent ? ;-), je suis tombé sur quelques citations qui m’ont interpellé. Je vous en présente des reproductions ci-dessous... (c’est moi qui les souligne d’un rectangle blanc)
De truismes en vérités bancales, de contradictions poétiques en approximations, nous voilà bien avancés... ;-)

Béat Brüsch, le 17 septembre 2007 à 18.05 h
Mots-clés: Arles , agence , photographe
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Chers amis de la poésie et du bon goût, voici une image qui va vous combler...
Cet été, j’ai été amené à changer d’application FTP (File Transfer Protocol - Cela sert à envoyer ou retirer des fichiers sur un serveur distant). On dit beaucoup de bien de RBrowser, alors allons-y. Il y a même une version light gratuite, ça aide. Côté fonctionnement du programme : rien à dire, l’informaticien à fait du bon boulot. Pourtant, lorsqu’on télécharge un fichier, voici la jolie petite icône qu’il nous présente, pour le cas où nous voudrions interrompre l’opération...
Vous remarquerez le délicat liseré rouge sur la lame. Si votre écran est de bonne qualité, vous verrez aussi que le bas des montants de bois est teinté de rouge. Là, je vois votre imagination galoper... vous vous dites que si on clique sur le bouton pour interrompre le téléchargement on va voir tomber la lame. Vous avez tout juste !
Le terme abort, bien que correct d’un point de vue informatique, n’est déjà pas des plus élégants (le sens premier signifie avorter). On aurait pu, de surcroit, nous épargner la violence de cette icône. Tous les designers savent que, sous des dehors pauvres, les icônes peuvent présenter un contenu sémantique plus large. En général, elles ne font sens que dans un contexte donné et convenu. Leur succès dans les interfaces d’ordinateurs, en tant que raccourcis, est justement dû à cela. (Une représentation d’imprimante = « Je voudrais bien que mon ordinateur demande à mon imprimante d’imprimer cette page »). Si on décide d’enrichir ce concept basique en utilisant des métaphores visuelles plus « ambitieuses », il faut alors, mesurer toute l’étendue du champ sémantique qu’elles recouvrent. Cela demande un certain doigté que ne possède pas le premier informaticien venu, aussi génial soit-il. (Certains sont aussi doués pour la communication visuelle que je le suis moi-même en informatique ;-)
Inculture ? Ignorance ? Infantilisme ? Manque de repères ? Irrespect ? Humour ? Provocation ? Pour moi c’est un peu tout cela à la fois : aujourd’hui on ose. On ose tout.
Soyons plus clairs. Il n’y a pas de sujets tabous et on peut tout dire, tout faire. Mais dans un contexte défini. On ne peut pas poser n’importe où et n’importe comment, un symbole aussi connoté qu’une guillotine, alors que 69 pays dans le monde, à commencer par les plus grands (Chine, Etats-Unis) maintiennent encore la peine de mort.
Chiffres et arguments ici :
Wikipedia, Amnesty international, Coalition mondiale contre la peine de mort. (Je ne mets pas de lien vers ce logiciel. Vous le trouverez facilement si le coeur vous en dit.)

Béat Brüsch, le 5 septembre 2007 à 16.50 h
Mots-clés: métaphore , société , éthique
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Avez-vous déjà signé la pétition pour le maintien de l’émission Arrêt sur images ? Au moment où j’écris, il y a déjà près de 36’000 signatures (en 3 jours !).
Extraits d’un billet de Daniel Schneidermann :
« ... Après douze saisons, l’émission « Arrêt sur Images » de Daniel Schneidermann ne sera pas reconduite la saison prochaine, apprend-on de source officieuse.
... Il faut que vous sachiez que c’est ainsi que les courageux dirigeants de France 5 en ont fini avec la plus ancienne émission de la chaine : sans un mot face à face, sans une convocation, sans l’ombre d’une raison donnée.
... L’important n’est pas que Carolis et ses hommes décident, sans l’ombre d’une explication, de tuer Arrêt sur images. L’argument de l’ancienneté n’est pas un argument, ni dans un sens ni dans l’autre. L’important, c’est qu’ils ne sont pas effleurés par l’idée que cette émission remplissait une mission indispensable de service public. L’important, c’est qu’ils renoncent impunément, sans un soupir, à cette mission : critiquer à la télévision, avec les armes de la télévision, le pouvoir des images... »

Vous trouverez bien d’autres billets à ce sujet sur le Big Bang Blog et aussi dans toute la blogosphère francophone. La pétition est à signer ici.


Addenda du 22.06.2007:

Daniel Schneidermann ayant tenu « tenu des propos inadmissibles » sur son blog a reçu sa lettre de licenciement samedi.
Le dimanche 1er juillet, 147’757 personnes avaient signé la pétition pour le maintien de l’émission.
« ...Tous (NDLR : les dirigeants de la chaine) savaient que cette décision ne leur vaudrait pas d’ennuis avec leur nouvel actionnaire, celui du 6 mai et du 17 juin. Peut-être même, allez savoir, ont-ils cru devancer ses désirs... » La suite sur le Big Bang Blog...

Béat Brüsch, le 22 juin 2007 à 13.40 h
Mots-clés: médias
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Selon le journal Le Temps, s’appuyant sur un sondage de l’institut MIS Trend, 50% des Suisses disent s’intéresser à l’art contemporain. Cela est fort réjouissant... mais on peut se permettre d’être légèrement surpris.
Où sont passés les grincheux de la droite crasse et populiste qui avaient protesté contre l’exposition de Thomas Hirschhorn au Centre culturel suisse de Poussepin (Paris) ? (lien cassé) On n’a sûrement pas sondé les braves parlementaires et sénateurs qui avaient alors obtenu en représailles de couper 1 million de francs dans le budget de la Fondation Pro Helvetia (authentique !).
Le sondage a été réalisé par internet. Bien que les auteurs du sondage s’en défendent, j’y vois tout de même une possibilité de pousser à l’optimisme. Tout le monde n’a pas internet et j’ai la vague impression que, pour des tas de raisons, cela représente déjà une sélection « qualitative »... Mais bon, ce n’est qu’une impression (et cela ne vaut pas un bon sondage sur la question ;-) Bref, si on m’avait dit que « 50% des INTERNAUTES suisses s’intéressent à l’art contemporain » je n’aurais rien eu à redire.
Dans le déroulé des questions, on présentait un choix d’oeuvres aux sondés. Ce choix ne contenait pas de travaux très polémiques avec, par exemple, des images difficiles à soutenir. Donc, un choix plutôt consensuel. Qu’on le veuille ou non, cela endort un peu l’esprit, en particulier chez des individus, qui bien qu’intéressés par la chose, ne se déclarent pas majoritairement, comme étant de grands connaisseurs en art contemporain.

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Une des oeuvres présentées aux sondés : Jeff Wall, After “Invisible Man” by Ralph Ellison, the Preface.

58% des Suisses se seraient rendus dans un Musée d’art les 12 derniers mois. Le sociologue Olivier Moeschler est sceptique. Selon une étude qu’il avait menée en 2001 sur la population de Lausanne (Suisse) ils n’étaient que 53%. Et il s’agissait de tous les musées. Pour les musées d’art, cela ne concernait plus que 33% de la population. Ces chiffres sont énormes et ne correspondent pas à ce qu’on trouve en France, par exemple, où un sondage de l’Insee signale 39% de public pour tous les types de musées. Cette disparité me paraît vraiment grande, car il ne me semble pas que nous soyons à ce point différents de nos voisins.
Ces quelques critiques mises à part, les articles des journalistes du Temps et le rapport sur le sondage sont vraiment passionnants à lire et à consulter. Les chiffres et tendances que l’on y découvre révèlent de nombreux aspects inattendus qui ne peuvent souffrir des mêmes réserves que celles que je fais ci-dessus. Car si on passe sur ce pourcentage élevé de personnes intéressées par l’art contemporain, la suite et le détail du sondage comportent des questions qui s’adressent précisément à ce groupe de personnes. Les tendances à l’intérieur du groupe sont plus objectivement mesurables.
Le sommaire de ce dossier se trouve ici (lien cassé). Le sondage est accessible au téléchargement ici (.pdf, 1,8 Mo).

Béat Brüsch, le 10 juin 2007 à 02.00 h
Mots-clés: lire , musée , société
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