Lors de plusieurs événements récents, en général dramatiques, on a vu la diffusion dans la presse de photos d’amateurs provenant de téléphones mobiles, caméras vidéo ou autres appareils photo-numériques. Les photos d’Abou Ghraib à Bagdad, celles du tsunami en Asie du sud-est ou des attentats de Londres sont encore dans toutes les mémoires. Les événements tragiques ou les scènes de pipoles croustillantes ont pour caractéristique de ne pas prévenir. Mais aujourd’hui, tout le monde a au moins un appareil photo-numérique, ne serait-ce que dans son téléphone portable, avec pour celui-ci l’avantage d’être toujours et immédiatement disponible. Notre présence d’esprit ou notre opportunisme feront de nous, tour à tour, des témoins privilégiés ou de tristes paparazzi.
L’utilisation de photos d’amateurs par les agences de presse n’est certes pas nouvelle. Par contre, la prolifération des numériques et les moyens de communication modernes changent la donne. Il se crée un véritable marché du scoop amateur. Autrefois, l’auteur d’une telle photo ne savait ni ou s’adresser ni à quel montant la céder. Désormais, il existe des services web spécialisés qui servent de courtier entre l’amateur et les « clients potentiels ». Le prix est négocié, voire l’objet d’enchères, puis réparti selon un barème entre l’auteur et l’intermédiaire : Scooplive, France •Scoopt, Grande Bretagne • Cell Journalist, USA • SpyMedia, USA
L’émergence du pixel amateur, avec son statut de document authentique, renforcé encore par l’aspect brut de fonderie, vient bousculer un peu plus le paysage de la photo de presse qui n’en demandait pas tant.
« La présence, visible, du pixel dans la presse n’est jamais que la sanction ou juste la matérialisation d’un état de l’image aujourd’hui. Un état qui ne relève plus de la tradition de la photographie, mais de celle, nouvelle, d’un codage numérique du réel dans les limites d’un cadre, avec les conséquences, visuelles, techniques et interprétatives, qui en découlent. Notre relation entre le réel et son image a changé, parce que ce qui était jadis réservé à une « élite » est maintenant accessible à tous. Tous témoins, tous producteurs d’images sur les faits. Nous devons simplement le prendre en compte. » ...nous dit Christian Caujolle dans « Mort et résurrection du photojournalisme » article paru dans le Monde Diplomatique en mars 2005, que je vous encourage à lire.
Ce sujet est traité dans le dernier numéro d’IMAGES magazine (No 18 - septembre - octobre 2006) qui cette fois, s’est montré bien en prise avec les débats qui agitent le monde de la photo. Ce n’était pas vraiment le cas dans sa livraison précédente où IMAGES magazine était en retard d’une guerre à propos des banques d’images. Dans un article qui se voulait « tendances » (!) on ne nous présentait que les grosses banques d’images classiques, alors que l’on assiste à l’émergence d’une nouvelle génération de banques d’images en rupture avec les vieux schémas. Voir cet article sur Wikipedia et ma brève ici. Je reviendrai bientôt sur ce sujet...
Rubrique: Les nouvelles images
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