Dans un billet récent - Garanti sans retouches - je vous entretenais de questions de légitimation qui semblent se poser pour des photos se situant aux limites de la crédibilité. En fin de billet, je me demandais : certaines photos devront-elles à l’avenir revendiquer ouvertement une authenticité ?
Laurent Laveder - le photographe du ciel breton, dont je vous parlais ici - présente sur son site une photo, réalisée il y a quelques jours, d’une lune agée de 15 h 38 minutes. Cela ne dit rien aux béotiens en astronomie, mais il faut savoir que ce croissant est alors tellement ténu qu’on ne peut le distinguer à l’oeil nu. Il faut pour le voir, consulter des éphémérides, puis regarder au bon endroit, au bon moment, avec de bonnes jumelles (et prier qu’il n’y ait pas de nuages). Les plus fins croissants de lune que nous avons tous admirés à l’oeil nu ont toujours plus de 24 heures.
Si je vous présente cette photo, ce n’est pas pour en vanter les qualités (bien réelles, au demeurant ;-), mais c’est pour attirer votre attention sur la petite animation (ici : Flash ou gif) que Laurent nous montre dans la foulée. Cette animation se positionne sans le vouloir, comme une attestation de véridicité. Et ce faisant, elle apporte une réponse possible à mon questionnement, ou du moins, elle met en en lumière une différence de crédibilité entre une photo et son pendant animé. La véridicité de ce dernier est à mon avis bien plus difficilement contestable que celle de la photo du même évènement. Tout le monde peut retoucher une photo, alors que pour une vidéo (qu’elle soit amateur ou pro) c’est une autre paire de manches. Autrement dit, une vidéo est (aujourd’hui) bien plus crédible qu’une simple photo.
Ces points de vue, autour des nouvelles fonctions respectives de la photo et de l’animation, avaient été également abordés dans la discussion qui a suivi la conférence d’André Gunthert de vendredi passé. Je ne pensais pas alors, trouver rapidement un exemple aussi éloquent.
L’animation évoquée ci-dessus est vraisemblablement réalisée par le montage des prises de vue séquencées de l’évènement. Cela ressemble fort à la continuité qu’on pourrait voir sur un film 24 x 36. On se trouve donc dans une version moderne de la planche de contact. C’est l’ouverture de la blackbox ;-)
(Via APOD)
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