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Les grands classiques

Willy Ronis photographie son épouse, Marie-Anne, dans leur petite maison de Gordes, en 1949. Cette photo, bien que n’étant pas du tout représentative de l’ensemble de l’œuvre du photographe, fera le tour du monde. Elle a figuré dans l’exposition The Family of Man et on la trouve toujours sous forme de poster.


Cette image d’une pudeur délicate nous imprègne d’un bonheur simple et doux. Il va faire chaud. Plus tard on fermera le volet pour préserver un peu de fraîcheur. Et nous, on s’en va sur la pointe des pieds... on ne rompt pas ce charme.
Willy Ronis nait en 1910, à Paris, de parents russes immigrés. Bien que se destinant à la musique, il photographie depuis l’âge de 15 ans, encouragé par son père qui tient une boutique de photos. Il travaille dans l’entreprise familiale, mais cela ne le passionne guère. Après la mort de son père, il décide de photographier ce qu’il aime : la vie des gens, surtout celle des plus modestes. Le cœur à gauche, il suit les manifestations populaires et les luttes qui agitent la classe ouvrière (Front Populaire). Son regard poétique se porte sur la vie des rues, les ambiances de bistrot ou les jeux d’enfants. Cela lui vaudra, plus tard, d’être reconnu parmi les grands représentants de la photographie humaniste, à l’instar des Doisneau, Boubat, Izis, Brassaï... En 1947, il entre à l’agence Rapho. Il en sort après 15 ans sur un différent concernant la maitrise de ses légendes : il ne supportait pas que ses photos soient détournées de leur contexte original. Le même type de problème surgit après quelques collaborations avec Life : il ne travaillera plus pour Life. Dur d’être intègre ! Il publie beaucoup et des expositions prestigieuses lui sont consacrées jusque dans les années 60. Les générations montantes et de grands changements sociaux le font un peu oublier. En 1972, il quitte Paris et s’installe dans le Midi, pour vivre autrement.
Mais on ne l’oublie pas longtemps. Dès 1975 on le relance et il répond à toutes les sollicitations avec une gentilesse proverbiale. Pour autant, « la vie ne l’a pas épargné » ! En 1988, son fils Vincent se tue en deltaplane. En 1991, son épouse Marie-Anne le quitte, victime de la maladie d’Alzheimer. Perturbé par l’accident de son fils, il décide, à l’âge de 84 ans, de faire un saut en chute libre. Cela le porte à pratiquer le parachutisme et le parapente jusqu’à 90 ans ! Ce n’est qu’en 2001 (il a 91 ans) qu’il a posé ses appareils de photo. En 2006, la ville de Paris, (où il vit de nouveau) lui consacra une grande exposition rétrospective.
Toutes sortes de reproductions de cette photo, souvent de qualité discutable, se baladent sur internet. J’ai choisi de « citer » celle de Pierre-Jean Amar, qui me semble la meilleure. Et pour cause : il est le « tireur » attitré de Wily Ronis.
Pour rédiger ce billet je me suis inspiré, entre autres, des sources suivantes :
- Photophiles Magazine - N°59 - Willy Ronis, par Eric Janvier
- Dossier préparé par Virginie Chardin, à l’occasion de la grande exposition consacrée à Willy Ronis par la ville de Paris en 2006. (Il y a plusieurs pages - Sommaire au bas de la page)
- Interview de Willy Ronis, par Carole Condat, dans US MAG (publication du SNES) - No 649 - Pages 44 et 45. Attention : .pdf (5,9Mo)

Béat Brüsch, le 22 août 2007 à 15.35 h
Rubrique: Les grands classiques
Mots-clés: photographe
2 commentaires
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    1

    J’avais, moi aussi, parlé de cette photo par là.

    J’avais scanné une carte postale.

    Envoyé par KA, le 24.08.2007 à 07.49 h
    En ligne ici
    2

    J’ai du chance de trouver ton blog. Pour apprendre le français et pour la photo, c’est un bon blog pour moi. Merci.

    Envoyé par nooe, le 29.08.2007 à 16.53 h
    En ligne ici