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On apprenait hier dans la version papier du Courrier - article similaire aujourd’hui sur Swissinfo - que des artistes suisses dénoncent une prise de position sur la culture venant de l’UDC, le parti de l’extrême droite populiste. Dans une lettre ouverte au président du parti, une centaine d’artistes déclarent faire partie, eux aussi, de ces « artistes d’État cajolés » cités et fustigés par le parti ultraconservateur.

Lors de sa dernière assemblée, il y a un mois, le parti a présenté son nouveau programme en consacrant, pour la première fois, un texte de 3 pages à la culture. La chose était passée inaperçue, car le battage médiatique s’était concentré sur des détails de forme bien plus croustillants. (C’est bien connu, les journalistes tendent les micros vers celui qui éructe le plus fort, au point d’oublier certains détails !) On savait déjà, depuis l’affaire Thomas Hirschhorn, que la culture et l’art d’aujourd’hui n’étaient guère prisés chez ces gens-là. Mais les règles n’avaient encore jamais été formulées dans un programme. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’on n’est pas déçus : tous les poncifs attendus s’y retrouvent. Ainsi, on oppose la culture populaire à une « culture d’état » et on prétend aussi que la culture « n’a qu’un seul but : créer quelque chose qui plaise au public et à ceux qui le pratiquent. » D’autres points de vue du même tonneau sont à lire dans l’article de Swissinfo ou directement sur le rapport (pdf en français, 28 ko). Il vaut d’ailleurs la peine de lire ce rapport pour voir, à chaque paragraphe, suer la haine de l’ouverture et de la modernité, pour mesurer cette volonté d’étouffer toute expression de liberté et pour prôner un dirigisme bien pire que celui qu’il voudrait dénoncer. De nombreuses et naïves contradictions émaillent le texte en témoignant d’une méconnaissance crasse des faits culturels. Comme toujours, on prône des idées élaborées au Café du commerce en ne se souciant pas le moins du monde de leur viabilité réelle et de leur mise en oeuvre, du moment qu’on ne cherche que l’adhésion populiste.

Habituellement, j’évite de parler de la merde brune qui envahit peu à peu nos plus belles démocraties. Ça salit les mains et je n’ai pas envie de participer, même modestement, à un buzz qui ne pourrait qu’être profitable à ceux qui l’ont provoqué. Coïncidence vertigineuse : dans la même édition du Courrier, on pouvait lire un article repris d’Amnesty International qui rapporte qu’au Pakistan, les extrémistes religieux font exploser des magasins de CD et s’en prennent à la vie des musiciens.

Quand on voit qui sont les gens dérangés par la culture, on a envie d’être ministre de la culture ;-)

Béat Brüsch, le 5 janvier 2011 à 16.11 h
Rubrique: A propos d’images
Mots-clés: culture , politique , société
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