Mots d'images


Ce blog n’est plus alimenté, mais pour l’instant il reste là, dans son jus.

Beaucoup d’articles ne sont plus en prise avec l’actualité, alors que certains sont devenus carrément obsolètes. Et je ne parle même pas de ceux qui ne sont pas très bons ou insignifiants. Quelques textes - peut-être un peu mieux documentés et plus réfléchis que d’autres - sont toujours consultés par des internautes curieux. Il y en a qui sont référencés par des écoles. Et je découvre parfois que la presse en ligne, voire même une encyclopédie très célèbre, référencent l’un ou l’autre de mes textes.

La plupart des liens sont cassés. Cela enlève du crédit aux thèses que je pouvais étayer avec ces citations. Cela montre que l’éternité sur le net ne dure pas très longtemps. C’est peut-être pour tenter de démentir cette orientation funeste que je conserve encore ce vieux blog (commencé, à une adresse différente, le 1er mai 2006 puis sérieusement ralenti depuis 2012).

La période active du blog Mots d’images s’est déroulée alors que la photographie numérique passait du stade émergent à celui de l’ébullition. Durant ces années, le numérique conquérait tous les marchés, celui du matériel, de la publication et de l’éditorialisation. Les professions photographiques en étaient profondément chamboulées, alors que le public vivait sa première lune de miel avec la « photo facile » (la 2e, bien plus importante, arrivera avec les smartphones et les réseaux sociaux).

La digitalisation consécutive des images a permis des interventions sur les pixels (la retouche, quoi !). Ces « intrusions », auparavant difficiles à réaliser, ont suscité des discussions passionnées remettant chaque fois en question le statut des images. Ces débats m’ont captivé et j’avais même entrepris de les collectionner dans Le petit observatoire de la retouche. Maintenant, ces polémiques me semblent bien loin (voir ici, le point sur la situation actuelle). Mais à l’occasion de quelque « affaire » liée au statut de vérité des images, on se rend bien compte que des croyances simplistes sont tenaces.

Aujourd’hui, tout le monde fait des photos à tort et à travers sans trop y réfléchir. Et c’est sûrement très bien. Mais qu’y a-t-il de commun entre un selfie avec ma grand-mère et un portrait d’Harcourt ? Entre le plat de nouilles de la cantine et une nature morte ? Entre une photo de famille idéale de Fotolia et la vôtre prise lors du dernier anniversaire de la petite ? Entre l’image de pub d’une Tesla et celle des faits divers avec une Toyota au fond d’un ravin ? Entre la photo de mon chat et la photo d’un lion pour la pub du Nikon ? On désigne sous le vocable « photo » tous les types d’images réalisées automatiquement. Ce qui n’est au fond qu’un procédé technique sert à nommer une infinie variété d’images produites dans des conditions et des intentions qui n’ont pas grand-chose en commun.

Ne pouvant changer ou enrichir le vocabulaire, il faut toujours et encore se référer au contexte pour savoir à quelle image on a affaire. Cette subjectivité qui se niche dans les images nous laisse une avance incoercible sur les applications de reconnaissance visuelle. Les algorithmes ne sauront jamais nous dire, à l’instar de Magritte, que « Ceci n’est pas une pipe ».

Je voulais juste faire un petit alinéa pour expliquer aux nouveaux venus les conditions de ce blog et me voilà reparti…

Béat Brüsch, le 17 novembre 2017 à 10.50 h
Rubrique: A propos d’images
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