Mots d'images


Aujourd’hui j’ai honte. J’ai honte de ces 2 petites lettres .ch à la fin de mes adresses internet. Ce n’est pas que j’en suis particulièrement fier en d’autres temps, mais là vraiment...
Figurez-vous que dans mon beau pays, toujours prêt à donner des leçons de démocratie et de droits humanitaires à qui n’en veut, on soutient, avec 46 autres états, une interdiction totale des bombes à sous-munitions (Déclaration finale de la Conférence des sous-munitions à Oslo, les 22 et 23 février dernier). Très bien, me direz-vous... mais attendez...
En même temps, la Suisse détient un stock de 200.000 obus à sous-munitions, produits en collaboration avec Israël. À deux pignons près, il s’agit des mêmes que ceux utilisés au Sud Liban, où, depuis le cessez-le-feu d’août 2006, 30 habitants ont été tués et 186 blessés par les « restes » de ces engins. Le Conseil Fédéral [1] soutient que la Suisse a besoin de ces armes pour assurer la défense de son territoire.
Marelle Cette position de faux-cul me met hors de moi. C’est pourquoi je me permets de transgresser les habitudes thématiques de ce blog (mais je vous colle quand même une très bonne image !). Suite à une initiative parlementaire, le parlement devrait décider ces jours, si ces munitions doivent être mises à la casse... Mais il semblerait qu’en la matière, le parlement n’a qu’un rôle incitatif. Attendons donc de voir si notre gouvernement reste accroché à son fromage... Un fromage qui commence à schlinguer terrible...
Vous trouverezun article détaillé de cette affaire sur le site du journal Le Courrier. Le site de Handicap International est à visiter ici. L’initiative parlementaire est présentée sur le site de sousmunitions.ch et le texte original de l’initiative est à lire ici. L’image de la marelle, une métaphore comme je les aime, est de l’agence TBWA Belgique.

Notes:

[1] Pour nos amis français qui, pour la plupart, ne connaissent pas les institutions politiques suisses, disons que le Conseil Fédéral est le gouvernement de la Suisse. Il est composé de 7 ministres de différents bords politiques, élus par l’assemblée fédérale (la réunion des 2 chambres). Chaque année, à tour de rôle, un des ministres devient le président de la Confédération (cela nous évite de mettre le pays sens dessus dessous à chaque quinquennat !).

Béat Brüsch, le 7 mars 2007 à 14.55 h
Rubrique: Divers
Mots-clés: guerre , métaphore
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Sur son site, le photojournaliste Benjamin Krain présente des galeries de photo issues de ses reportages : le cyclone Katrina, le festival Burning Man, les petits cirques, la reconstruction de l’Afghanistan, les Îles Marshall, Cuba.
D’emblée, ses photos frappent par une impression d’évidence : l’image doit être ainsi, elle ne saurait être autrement. Son sens aigu du cadrage et de la composition, rend le propos limpide. Il n’y a rien de superflu. Les couleurs sont franches, les noirs profonds et les lumières juste là où il faut. Son esthétique - souvent dépouillée - et sa grande maitrise technique pourraient faire craindre une certaine froideur. Il n’en est rien et son approche des gens est marquée d’une profonde empathie. Bref, j’ai envie de dire que ses photos « ont la pêche ». Krain Afg Pour moi, il est évident que c’est ce type de photo qui sauvera le photojournalisme de la concurrence (prévue ou supposée) des photos d’amateurs. La différence se voit !
Certains prévoient qu’un look « pauvre », pixellisé, flou et mal exposé, à la manière de ce que produisent les téléphones portables, pourrait avoir cours pendant un certain temps... Un peu pour donner cette impression de vécu que l’on a pu voir ici ou là, lors d’événements qui se sont déroulés en l’absence de photographes de presse. Si cela arrive, je pense que ce ne sera qu’un effet de mode passager.
Benjamin Krain est étasunien. Après avoir travaillé pour différentes agences (Associated Press, Magnum) il semble se « stabiliser » à l’Arkansas Democrat-Gazette. Mais cela ne l’empêche pas de continuer à parcourir le monde avec passion.

Béat Brüsch, le 28 février 2007 à 22.35 h
Rubrique: Regarder en ligne
Mots-clés: documentaire , photographe , photojournalisme , société
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« Tous photographes ! » l’exposition du Musée de l’Élysée (Lausanne) a ouvert son blog au début du mois : toute l’expo (ou presque) comme si vous y étiez ! Le site officiel se trouve toujours ici, comme je vous le signalais dans ma brève du 27.01.07.
Entre autres, le blog donne le lien d’un des sujets de l’exposition : une galerie de photos présentée par le journal Le Temps, réunissant quelques photos très emblématiques de la photo d’amateur d’aujourd’hui.
Pendant que je suis dans le sujet des photos d’amateurs, je vous livre une adresse de site qui aurait pu trouver sa place dans l’exposition. « Look at me - A collection of found photos » réunit un ensemble (616 à ce jour) de photos d’amateur oubliées, perdues, retrouvées, anonymes, orphelines, etc. Nous avons tous, au fond d’un carton à chaussures, ces vieilles photos d’ancêtres méconnus... Un jour, les photos de nos vies se retrouveront dans la même situation : abandonnées dans la corbeille d’un vieux disque dur. (On est si peu de choses... une poignée de pixels !) De savoir que nos images pourraient être recueillies dans cette fosse commune, ce Panthéon des anonymes, ne me console qu’à moitié.

Béat Brüsch, le 24 février 2007 à 18.05 h
Rubrique: Regarder en ligne
Mots-clés: amateur , argentique
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Rappel : il faut faire la distinction entre le droit DES images qui, de façon générique, comprend tous les droits qui se rattachent aux images et le droit À l’image qui se préoccupe du droit des personnes physiques à disposer de leur image.
Comme je l’évoquais dans mes billets précédents, j’ai eu beaucoup de mal à trouver des informations pertinentes sur le droit des images en Suisse. Cela tient à plusieurs raisons. En chiffres absolus, sur l’internet francophone, les Français sont bien plus nombreux que les Suisses. Ils sont probablement plus diserts et aussi plus batailleurs. Cette forte présence repousse « les autres » dans les profondeurs des résultats de recherche, car comme on le sait, les algorithmes des moteurs de recherche favorisent les pages les plus vues. Si l’on ajoute à cela que bien des publications suisses ne sont pas, ou peu, ou mal traduites en français, on comprendra mieux ce que peut engendrer un statut de minoritaire ! Voici donc, tout de même, le volet suisse de ma petite enquête. • Une nouvelle loi sur la propriété intellectuelle est en discussion aux chambres fédérales. Brièvement, il s’agit de la mettre à jour selon les nouvelles réalités découlant de la révolution numérique ainsi que de ratifier 2 traités de l’OMPI (Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle).

Pano Elysée 1La question du droit à l’image s’est posée dès les débuts de la photographie !
Cette citation, comme la suivante, a été photographiée à l’exposition Tous photographes actuellement au Musée de l’Elysée à Lausanne.

• Suisseculture, a pour but de promouvoir les intérêts moraux et économiques des créateurs d’œuvres protégées par le droit d’auteur. Cette communauté de travail publie également un site contenant beaucoup d’informations pertinentes sur la révision du droit d’auteur. La brochure « La révision du droit d’auteur (2006) » présente un bon condensé de l’« état de l’art ». Elle est disponible sur le site en html, pdf ou papier. (Le site étant construit selon l’antique principe des « frames », il n’est pas possible de donner un lien complet pour la page contenant cette brochure. Si vous ne la trouvez pas, voici le lien du « frame ».) On y apprend entre autres, que « ...le Parlement a pris la sage décision d’ignorer l’article proposé par le Conseil fédéral concernant le droit d’auteur des employeurs et des producteurs. Le Parlement empêcha de la sorte que tous les droits des artistes employés ou créant des œuvres dans le cadre d’un contrat de mandat soient transférés en vertu de la loi à l’employeur et au producteur. En effet, une telle réglementation dépouillerait sans détour les acteurs culturels de leurs droits. » Ouf, on revient de loin !

Pano Elysée 2

• La révision de la loi sur le droit d’auteur soulève de nombreuses questions. A l’initiative de l’Institut Fédéral de la Propriété Intellectuelle, les représentants de divers groupes d’intérêts se sont réunis pour créer un site très complet et bien documenté. Mais comme partout, c’est la musique et les DRM qui occupent (presque) tout l’espace. Je ne conteste pas l’importance de ce dossier, mais en route, on a perdu la trace des problèmes, tout aussi réels, soulevés par le droit des images. À moins que celui-ci ne pose pas de problèmes nouveaux...? Pour essayer tout de même d’en savoir plus sur ce droit à l’image qui fait tant de bruit chez nos voisins, j’ai posé la question sur le site. On m’a aimablement répondu que le droit à l’image existe bel et bien en Suisse et qu’il est réglé par cet article du Code pénal et celui-ci du Code civil. Eh oui, je ne suis pas grand clerc en matière de droit et j’aurais pu chercher encore longtemps midi à quatorze heures ! Il semblerait en outre que la jurisprudence du Tribunal Fédéral ne porte que sur 2 cas qui ne me paraissent pas très pertinents pour ce qui nous intéresse ici.
• Sur son site, l’organisation Photoreporters publie un .pdf faisant le point sur la problématique du droit à l’image. Vous pouvez le trouver ici. À sa lecture on est bien obligé d’admettre que c’est le calme plat de ce côté et que les photographes, tout comme leurs sujets, sont des gens bien élevés ! Et dire que je me suis donné toute cette peine pour arriver à cette conclusion.
• Pour ceux qui préfèrent les VO (j’en suis, mais pour le cinéma !), ils pourront trouver ici, la Loi fédérale sur le droit d’auteur et les droits voisins du 9 octobre 1992 (État, au 13 juin 2006). Quant à vous dire quand la révision sera terminée et quand elle entrera en vigueur, j’en suis bien incapable ! Et pour tout dire... ... et non je ne le dirai pas.
• Tout arrive, j’ai remarqué en passant qu’il y a maintenant une page suisse chez Creative Commons. Pour l’instant, en allemand et en anglais (notre 5e langue nationale).
• Voilà, j’arrête ici cette série de billets sur le droit. Je vous reparlerai bientôt d’aspects de l’image plus exaltants et que je maîtrise un peu mieux ;-)

Béat Brüsch, le 19 février 2007 à 21.55 h
Rubrique: Droit des images
Mots-clés: copyright , droit
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De plus en plus de photographes sont traduits devant les tribunaux pour des atteintes, plus ou moins justifiées, au droit à l’image. Le droit à l’image est le droit des personnes physiques à disposer de leur image. Ce droit est variable d’un pays à l’autre. Mais les sentences rendues sont souvent encore bien plus variables d’un tribunal à l’autre au sein du même pays ! Il n’est pas question ici, de nier ce droit fondamental de pouvoir disposer de son image. Mais certaines affaires me font penser à une véritable dérive judiciaire.
« Le droit à l’image est un droit qui s’est développé récemment, sous l’influence du développement d’une conception consumériste de la société par les individus qui la composent dans les pays occidentaux. Tout devient monnayable, y compris ce qui juridiquement a été conçu pour ne pas l’être. » (Extrait de Droit à l’image et droit de l’image Philippe Gauvin, CNDP. Division des affaires juridiques).
Dans un billet bien documenté et argumenté, J.-P. Cloutier nous relate l’« affaire Duclos ». L’article embrasse d’emblée toute l’étendue des problèmes et la complexité des enjeux liés au droit à l’image. On y évoque la possibilité ou l’obligation pour un photographe de demander une autorisation dûment signée aux personnes photographiées dans la rue ! On imagine les Cartier-Bresson, Doisneau et autres Boubat s’encombrer de cet attirail...! Rimbaud
Le BlogMédias vient de consacrer un dossier en 2 parties à ce sujet (lien cassé). Plusieurs affaires y sont relatées, qui nous montrent que la jurisprudence tend à prendre un peu mieux en compte les intérêts des photographes. L’Observatoire de l’image, une association regroupant des professionnels de l’image en France, diffuse chaque année depuis 2000, une lettre d’information regroupant quelques exemples d’actions en justice qui ne sont pas piquées des hannetons. Vous les trouverez en .pdf sur le site du SPMI (Syndicat de la Presse Magazine et d’Information).
La lecture de ces recensions est édifiante. Souvent les jugements font l’objet d’un appel. Et presque aussi souvent, le jugement est cassé. L’énormité des sommes en jeu explique bien sûr la fréquence de ces recours. Mais le nombre de cassations nous dit aussi que le droit en la matière n’est pas très clair. Comment pourrait-il en être autrement d’ailleurs, lorsqu’il s’agit d’évaluer des notions aussi délicates que les atteintes à la vie privée, réelles ou supposées, ou les montants des dommages et intérêts. Toujours est-il, que des jugements déraisonnables ont été rendus et que la jurisprudence qui en résulte risque de compliquer sérieusement le travail des photographes... tout en renforçant la voracité de soi-disant victimes !
J’ai fini par trouver quelques indications sur la situation dans mon pays. Il y a quelques éléments qui me semblent tellement aberrants que cela demande un « complément d’enquête ». Je publierai donc prochainement un 3e volet sur les Droits de l’image...

Béat Brüsch, le 16 février 2007 à 09.55 h
Rubrique: Droit des images
Mots-clés: copyright , droit
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